Les problèmes traductologiques ou «trahison créatrice» à la lumière de la traduction de la poésie géorgienne en français

Auteurs

  • Mzago DOKHTOURICHVILI

Résumé

Dans l’introduction de la traduction en français du recueil de poèmes de Nikoloz Baratacvili, Le destin de la Géorgie, Serge Tsouladzé, traducteur en français de Le Chevalier à la Peau de Tigre de Chota Rousthavéli, écrit: «Nikoloz Baratachvili appartient à cette catégorie des poètes qui chantent des sentiments si profondément ancrés dans le cœur de l’homme que la marque du temps et la barrière de la langue sont impuissants à en limiter la portée».

On pourrait dire la même chose d’un autre très grand poète géorgien, éminent représentant de la poésie symboliste, Galaktion Tabidzé, dont l’œuvre foisonnante impressionne le lecteur mais, qui, malheureusement, a été très peu traduite en français.

L’objectif du présent article est d’étudier les problèmes traductologiques devant lesquels se retrouvent les traducteurs en analysant la traduction en français, par Serge Tsouladzé, du poème de Nikoloz Baratachvili, Mérani, et du poème Les coursiers bleus de Galaktion Tabidzé dans la traduction de Gaston Bouatchidzé. Dans les théories traductologiques, lorsque l’on parle de traduisibilité/intraduisibilité des œuvres littéraires, certains traductologues rangent la poésie parmi les textes intraduisibles. Or, les textes, les poèmes entre autres, traduits, depuis Homère jusqu’à nos jours dans d’innombrables langues, prouvent le contraire. Selon Antoine Berman, «Le poème est peut-être la seule forme d’écriture à avoir une voix», résonnance pure de l’écriture essentielle, «la voix de l’écriture». Alors, si cette voix est découverte par le traducteur à l’étape de la compréhension du texte à traduire, si son interprétation est intelligible, le traducteur peut arriver à transmettre l’âme et l’esprit de l’original avec les moyens linguistiques propres à la langue d’arrivée.

Nous partageons la réflexion de Françoise Wuilmart selon laquelle «Traduire, c’est ‘accomplir le miracle’ via un discours qui recrée dans son souffle ‘l’âme’ du texte, son esprit, parfois au détriment de certaine ‘fidélité’ lexicale isolée». Nous allons essayer de montrer à quel point les adaptateurs et traducteurs des poèmes de Nikoloz Baratashvili et de Galaktion Tabidzé ont réussi à conserver dans leur traduction tant la «voix de l’écriture» que l’«âme» et l’esprit de poèmes géorgiens. Comment ils ont effectué une trahison créatrice de l’œuvre originale (Antoine Berman), ce qui fait la grandeur et le risque de cette tâche qui est traduction.

Biographie de l'auteur

Mzago DOKHTOURICHVILI

Professeure émérite, Université d’État Ilia, Tbilissi, Géorgie

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Publiée

2022-04-19

Comment citer

DOKHTOURICHVILI, M. (2022). Les problèmes traductologiques ou «trahison créatrice» à la lumière de la traduction de la poésie géorgienne en français. Études Interdisciplinaires En Sciences Humaines, (8), 449–465. Consulté à l’adresse https://ojs.iliauni.edu.ge/index.php/eish/article/view/579

Numéro

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