Construction argumentale en plurilinguisme: essai de théorisation du contexte en acquisition
Résumé
Notre propos vise à mettre en vedette l’aptitude des collégiens à varier diverses constructions verbales, dans la gestion d’une tâche communicative. Malgré la complexité de l’organisation syntaxo-sémantique des verbes, nous montrons comment ils mettent leurs énoncés en contexte en dosant entre explicite et implicite. Le contexte évoque les relations entre la «compétence» pragmatique et sémantique, celles entre le processus de construction du sens discursif et l’acquisition des significations linguistiques et lexicales. Quel est l’apport de ce contexte dans la construction des rôles argumentaux des verbes? Quels sont les rôles thématiques régulièrement soumis à une influence contextuelle. Rappelons que l’interprétation globale d’une proposition incorpore structure sémantique de la construction et contexte pragmatique dans lequel la proposition est prononcée. Notre hypothèse est que certaines informations sont considérées comme superflues et les locuteurs multilingues, comme ceux de Yaoundé au Cameroun, procèdent à des formes d’économies locales et structurelles lors de l’articulation du verbe avec les autres catégories lexicales.
L’économie locale signifie la mise en ellipse ou l’omission d’un argument immédiat et essentiel du verbe au sein d’un énoncé. L’économie structurelle renvoie, dans cette formalisation, à la suppression de toute information non essentielle dans un groupe prépositionnel en fonction de complément circonstanciel. Notre réflexion s’inscrit dans la Sémantique des Frames de Fillmore (1976) et le fonctionnalisme de Klein (1989). Nous analysons un corpus oral minimal de six heures collecté dans quelques lycées de Yaoundé, un milieu plurilingue et transcrit selon le programme CLAN.