Témoignage de guerre et intraduisibilité: traduire les textes de résistance d’Albert Camus
Cuvinte cheie:
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Albert Camus a livré son témoignage de résistant dans la revue Combat et dans l’essai Retour à Tipasa. Deux articles de Combat ont été sélectionnés par Camus pour faire partie de son anthologie américaine Resistance, Rebellion and Death traduit par Justin O’Brien en 1960. C’est aussi lui qui a traduit Retour à Tipasa en 1955.
O’Brien, néanmoins, a travaillé pour le Bureau des services stratégiques américain à Londres pendant la guerre et a lui aussi connu une facette de ce conflit. Il y a lieu de se demander en quoi sa créativité a pu être influencée par cette expérience. En comparant ses productions aux retraductions, nous montrerons que le premier traducteur de Camus incorpore son propre témoignage de guerre à ses traductions. En premier lieu, nous aborderons la dimension sensuelle du témoignage au sens où l’entend Derrida dans Poétique et politique du témoignage. Après quoi, nous constaterons que O’Brien se positionne en témoin de guerre qui a «vu» et «entendu», en sur-traduisant les aspects de cette littérature de guerre liés à l’ouïe et à la vue, dépassant grâce aux sens les limites du langage qui ne suffit jamais à dire la guerre.